Dessins : J. ALTIMIRAS ©
Scénario : F. DARNAUDET ©

D’après le roman de Darnaudet-Daurel

1985, CORPS NEUF EDITIONS
réédité en 2008 chez Rivière Blanche.

 
José Altimiras
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Le Taxidermiste

The Taxidermist

José ALTIMIRAS & François DARNAUDET

THE TAXIDERMIST  

English translation: Isabelle Aubert-Baudron & Ken GAGE

ISBN 978-2-9531513-2-9

Format A4 21 x 29,7

46 pages – 22 €

Electronic edition   on Amazon

£2,68 & $3,59

De Taxidermist

 

           LE TAXIDERMISTE – Vendredi 23 Août 2013

« Un piètre dessinateur de province »

© José Altimiras

José Altimiras et I. Aubert-Baudron, Airvault, juillet 2012 – Photo Interzone Éditions © Isabelle Aubert-Baudron

            J’ai rencontré François Darnaudet, le co-auteur avec Daurel du TAXIDERMISTE, au cours d’une manifestation pacifiste contre la guerre quelque part dans le monde, puisque rares aujourd’hui sont les nations qui évoluent sans que trop de bombes n’explosent.

            Je suis venu grossir le flot des doux dingues de la province française ; je suis enclin à penser que les capitales soucieuses de promouvoir leur prestige aristo-culturel et la civilisation avec un grand « C » comme à Capitale, ville de tête, ne supportent guère les individus colportant une douce démence, qui plus est, dans une B.D. dont un des moteurs du scénario est la conservation permanente de jeunes femmes se ressemblant ceci pour qu’elles connaissent une jeunesse éternelle et qu’elles entretiennent le souvenir d’une première femme dont l’apparence corporelle a disparu. Le procédé technique pour ce faire mis en avant par Darnaudet-Daurel est la taxidermie. Une idée de doux dingue de province. Je ne connais pas Daurel.

            Darnaudet, le prof de maths (il y en a un dans l’histoire), que je n’ai pas vu depuis la dernière pluie, est toujours un doux dingue de province et deviendra le papi du polar noir de province comme je deviendrai le piètre papi de la B.D. de province ; je me fais un plaisir à répéter le « p » pour qu’on ne prenne pas ma plume pour du pipo.

            Dans le TAXIDERMISTE, il est question de volatiles, la visite du musée des sciences naturelles de Perpignan la nuit, à l’insu du gardien est à but pédagogique : comment conserver les animaux à plumes et à poils. Et à but scénaristique : commettre un vol, en l’occurrence une statue post-primitive, pour justifier des personnages qui justifieront une fin de récit en commettant un vraisemblable acte criminel.

            Cela se termine souvent par un crime, c’est la loi du genre. N’oublions pas que nous sommes dans le cadre d’un genre. Un polar, c’est un genre, la B.D. aussi. J’ai aussi accentué le trait, pour donner le caractère des provinces méridionales. Dans le TAXIDERMISTE, nous sommes dans le genre méridional, toujours à la recherche de l’ombre, car nous sommes écrasés par le soleil. Les bons moments sont ceux où l’on sirote un verre à la terrasse d’un café sous les platanes et qu’un vent léger vient rafraîchir votre front. Parfois, on se fait la conversation et la nuit s’égrène à pas feutrés. Suivez le chat.

            Suivez le chat, qui quoique maltraité, retombe sur ses pattes et trouve une place pour se reposer. Les chats, comme bon nombre d’animaux, ne dorment que d’un œil, car ici en Catalogne, il fait trop chaud pour dormir des deux.

            Combien d’indices ai-je inclus pour que le lecteur colle les pieds au goudron et que, si comme moi, il ne comprend pas grand-chose à l’histoire qui se déroule devant ses yeux, il sache au moins que c’est au Sud de l’Europe que ça se passe, dans le cas présent à Perpinya. De l’ultra local à l’universel : une idée qui me meut.

            Pourrait-elle mouvoir ou émouvoir d’autres personnes ?

            Il se peut qu’Isabelle Aubert-Baudron fût sensible aux ombres lourdes et aux personnages engourdis par eux-mêmes et par la chaleur. Elle, quelque part dans la campagne française entre l’Océan Atlantique et le Nord Ouest de la Loire, à Thouars exactement, une grande bourgade au passé ancien, maisons et immeubles à colombages, chapelles et cathédrale romanes, marché couvert et en plein air sur la place publique, profusion de légumes, charcutailles et fruits de l’océan ; un pays agricole et maritime, les paysans vont à la chasse tuer le volatile, les fermes sont « grandes », il faut donner un toit au troupeau. Probablement peu de doux dingues dans ces régions où il faut beaucoup travailler pour vivre : « mon p’tit gars ». Probablement qu’Isabelle est un peu dingue, rare exception, et qu’avec ses petits moyens elle décida, un jour où il fallait mettre un peu plus d’eau dans son moulin, preuve qu’elle n’est pas trop dingue, d’éditer une histoire de dingues : le TAXIDERMISTE que vous avez entre les doigts.

            Comme le polar, et au même titre, la première version fut en français, avec la coopération du réseau «Interzone  », Ken Gage et Isabelle, une deuxième version vit le jour en anglais.

            Une version en hollandais verra le jour prochainement avec une fois de plus la coopération fidèle de Peter Van de Leur, plus familiarisé avec l’anglais que le français, avec lequel il se débrouille pas mal pourtant. Par conséquent, avis aux amateurs !

            Quelques mots complémentaires avant de mettre un point sur ce petit chapitre. Peut-être aurais-je la plume moins souple si d’aventure quelques dingues de Loudun, petite bourgade non loin de Thouars, n’avaient mis en place un festival du livre baptisé «  En ces lieux… des livres ». Lequel m’incita à traîner en ces lieux mes pinceaux, à lever ma tête pour contempler les arbres, les toits des maisons la nuit et rencontrer Isabelle que je ne connaissais que par téléphone, lettres et souvenirs interposés.

            Festival qui finalement aux premiers jours de sa vie produit quelque pitance au piètre dessinateur de province que je suis.

            Point trop n’en faut pour entretenir la flamme et peut-être même la flemme, cette fameuse flemme méridionale, mère de tous les arts. Nous avons été habitués par trop à travailler, comme les canuts qui allaient culs-nus.

ALTIMIRAS